Interview de Fanny VIRY : Transformer les prises de conscience en actions qui font bouger les lignes

De plus en plus de personnes sont sensibles aux enjeux écologiques. Pour autant, elles ne savent pas toujours comment agir et peuvent se sentir impuissantes face à l’urgence et la complexité des enjeux

Jeanne-Cartillier-consultante-resiliences
Co-fondatrice d’Anciela et de notre Institut, Fanny coordonne la Pépinière d’Anciela où elle accompagne des initiatives associatives comme entrepreneuriales. Suite à un projet de recherche sur les engagements citoyens et à ses expériences d’accompagnement, elle forme depuis 8 ans aux méthodes et pratiques pour donner envie d’agir et accompagner le changement dans une perspective de transition écologique et solidaire. Elle nous partage ses conseils pour faire bouger les lignes et les cœurs.
Pour commencer, qu’est-ce qui t’a donné envie d’agir, toi, sur les enjeux d’écologie et de solidarité ?
Fanny : Depuis toute petite, j’ai toujours été sensible aux inégalités sociales et à l’exclusion. Ma prise de conscience écologique est venue plus tard, quand j’ai réalisé une année d’échange universitaire à Berlin. Vélos, nature en ville, végétarisme : les alternatives étaient bien plus développées qu’en France et me semblaient désirables. J’ai donc eu une entrée « par le positif » dans la transition écologique. Elle correspondait à des évolutions de société que j’appelais de mes vœux. La prise de conscience de l’urgence est venue ensuite, alors que j’avais déjà commencé à m’engager à Anciela.
D’après vos recherches au sein d’Anciela et avec vos expériences de terrain, qu’est-ce qui donne envie aux personnes d’agir, de changer, de se mettre en mouvement ? Qu’est-ce qui fait déclic ?
F.V. : On peut distinguer deux situations. Certaines personnes agissent suite à une prise de conscience écologique liée à un déclic. Celui-ci peut être cognitif, par exemple avec une Fresque du Climat, quand on comprend un phénomène, ou émotionnel, avec un documentaire, quand on est bouleversé par une situation. On doit ensuite trouver une manière de transformer ce déclic en action, ce qui n’a rien d’évident. D’autres s’engagent pour répondre à des motivations plus personnelles : se sentir utile, rencontrer du monde, continuer à apprendre… Les prises de conscience peuvent alors venir dans un second temps, en discutant et en échangeant avec d’autres. C’est intéressant car cela montre que l’on n’a pas besoin d’être un écolo convaincu pour se mettre en mouvement !
Quels sont les freins que rencontrent les personnes ? Qu’est-ce qui peut nous amener à ne pas agir même si on sait que c’est important, pour ne pas dire d’une nécessité vitale ?
F.V. : Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont sensibles aux enjeux écologiques. Pour autant, elles ne savent pas toujours comment agir et peuvent se sentir impuissantes face à l’urgence et la complexité des enjeux. Pire, nous sommes tous et toutes soumis aux injonctions contradictoires d’un environnement qui nous pousse à toujours plus consommer, tout en nous demandant d’agir pour le climat. Cela crée un sentiment de stress et de dissonance qui peut conduire certains et certaines à mettre de côté ces questionnements pour se protéger. Un des enjeux clés est donc d’ouvrir les possibles sur les changements à opérer et de montrer des alternatives qui fonctionnent et qui donnent à voir un monde désirable.
Quels conseils donnes-tu le plus souvent à des associations, des entreprises ou des institutions publiques qui viennent te voir pour accompagner le changement des personnes et des organisations ?
F.V. : Je dis souvent que c’est en agissant qu’on devient capable d’intégrer la gravité des enjeux. On se focalise souvent sur les informations scientifiques à transmettre pour que les personnes aient envie d’évoluer dans leurs modes de vie. C’est un ingrédient important mais pas suffisant. Ce qui est fondamental, c’est de proposer aux personnes et aux organisations des premières actions réalisables, qui constitueront de premières victoires. Par exemple, faire une distribution de stop-pubs dans son entreprise : cela nous rend sympathique et nous permet d’être identifié par des collègues à embarquer avec nous. Cela remplit notre réservoir de confiance dans notre capacité individuelle et collective à faire bouger les lignes. C’est aussi ce qui fait qu’on peut intégrer des nouvelles inquiétantes, car on a prise dessus.
On sort des fêtes de fin d’année où nous avons toutes et tous revus nos familles lors de repas qui ont eu leur lot de débats, est-ce que tes conseils s’appliquent aussi à un repas de famille ?
F.V. : Ces repas de famille cristallisent beaucoup d’espoirs et de frustrations… On a envie de partager avec nos proches ce qui nous tient à cœur mais nul n’est prophète en son pays ! Quand on cherche à faire bouger sa famille, beaucoup d’affects interviennent et viennent « polluer » les échanges. Pour asseoir son discours, on tente alors de trouver le chiffre qui ferait mouche, mais c’est sans fin car l’objection n’est jamais loin. Je conseille aux personnes d’expérimenter une posture de témoignage et de partage, afin de sortir d’un débat parfois stérile. Par ailleurs, il est important d’avoir en tête qu’on n’accompagne pas facilement ses proches, et encore moins quand ils n’en ont pas émis le souhait. D’autres personnes sont plus à même de les faire bouger. Ça peut être le rôle d’associations, d’ambassadeurs, d’institutions publiques…
Quelles sont les erreurs les plus courantes en termes d’accompagnement au changement ? Quelques exemples à ne pas reproduire ?
F.V. : Une erreur fréquente est d’accompagner des personnes qui n’en ont pas envie. Un des enjeux clés est alors de susciter une envie, par exemple en cherchant à provoquer des déclics, ou en s’appuyant sur d’autres motivations qu’elles pourraient avoir comme le bien être, la santé ou encore la convivialité.
En quelques mots, qu’est-ce que la formation que tu proposes au sein de notre Institut apporte à celles et ceux qui la suivent ? Pour qui est-elle pertinente ?
F.V. : Cette formation s’adresse à toutes les personnes qui, dans les associations, les entreprises et les institutions publiques, ont vocation à sensibiliser et à mobiliser toujours plus de personnes en faveur de la transition écologique. Elle s’intéressera aux conditions de leur mise en mouvement, en proposant à chaque fois des méthodes concrètes à mettre en œuvre. Un premier temps est consacré aux manières de susciter et de renforcer l’envie d’agir des personnes. Ensuite, nous réfléchissons à comment renforcer la confiance de chacune et chacun dans leur capacité personnelle et collective à agir à un moment où l’on peut avoir le sentiment que « tout est foutu ». Enfin, nous aborderons la manière de faire avec le contexte de vie des personnes.

Vous souhaitez provoquer des déclics et favoriser les engagements citoyens en faveur de la transition ?

 

La formation « Provoquer les prises de conscience et accompagner le changement » dispensée par Fanny VIRY, arrive bientôt. Ne tardez plus pour vous inscrire !

Cette formation de 10,5h propose une approche théorique et pratique pour identifier les leviers et les freins des prises de conscience écologiques et solidaires, comprendre les conditions de mise en mouvement des personnes et monter des dispositifs permettant de susciter et d’accompagner leurs engagements.

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